Air Art by AIR FRANCE

Air Art donne une seconde vie aux pièces d’avion Air France pour les transformer en objets d’art.

Quel est votre parcours professionnel et pourquoi vous êtes-vous lancés dans l’intrapreneuriat ?

Isabelle : J’ai 30 ans d’ancienneté dans le groupe. Après avoir intégrée la compagnie en tant que technicienne en maintenance en ligne, je suis passée par la direction logistique, le bureau technique avion, puis le bureau technique moteur. Aujourd’hui, je travaille au « cost contrôle moteur », donc mon quotidien s’articule principalement autour de la surveillance des coûts et du développement des réparations moteurs. Concernant l’intrapreneuriat, cela m’est tombé dessus. Plus jeune, je ne me souviens pas avoir eu l’âme d’une entrepreneure, et j’avoue que je n’aurais pas franchi le pas toute seule.

Jérémy : Cela fait maintenant plus de 10 ans que je travaille chez Air France. D’abord en tant que mécanicien moteur, puis j’ai repris les études pour passer au bureau technique. Nous travaillons désormais ensemble, avec Isabelle. Depuis toujours j’ai à cœur d’apprendre de nouvelles choses, de grandir et d’évoluer professionnellement. Tout seul, il est presque sûr que je n’aurais pas soumis ma candidature au programme non plus.

Pourriez-vous décrire Air Art, en quelques mots ?

Isabelle : Il est une prérogative de notre fonction de trier les pièces de moteur non ré-avionnables, et de voir celles qui sont éligibles à un développement de réparation ou pas. Quand elles ne sont pas éligibles, nous les mettons en benne pour une récupération des métaux par un ferrailleur. Nous faisons cela tous les vendredis matins. Il ne va sans dire que Jérémy et moi avons tous deux une forte appétence pour l’aéronautique et toucher la matière, les pièces. Régulièrement, pour certaines occasions comme des départs à la retraite par exemple, des employés d’Air France nous demandaient s’il était possible de récupérer certaines pièces. Ainsi, le projet de les recycler, les mettre en valeur, et pourquoi pas de les revendre était déjà un peu dans nos têtes.

Un matin, Jérémy m’annonce qu’il a vu un défi « Boostez le futur », et il me demande si je suis partante pour m’inscrire avec lui. Un jeune, une moins jeune, avec la même envie… Pourquoi ne pas tenter sa chance ? Je n’ai que très peu hésité.

Jérémy : Pour compléter ce que vient de dire Isabelle, Air Art, en deux mots, c’est donner une seconde vie aux pièces d’aviation. On essaye de faire de ces pièces un design d’exception. Certificat à l’appui, nous pouvons prouver que les pièces ont volé sur notre compagnie Air France/KLM, ce qui leur donne un caractère unique, apprécié des clients passionnés.

Au-delà d’un tremplin, en quoi le programme d’intrapreneuriat « Boostez le futur » vous a aidé dans la maturation du projet ?

Jérémy : Nos parcours professionnels respectifs sont éloignés de l’intrapreneuriat. Nous n’avons pas ces compétences en gestion de projet. Grâce au programme et à l’entreprise de consulting EeVee qui nous accompagnait, nous avons pu passer toutes les étapes pour concrétiser notre idée : lean canvas, business model, business plan… Nous sommes partis de 0 mais nous avons suivi les étapes une par une. L’intrapreneuriat est un gros plus pour développement personnel et professionnel des collaborateurs.

Isabelle : La sélection pour le programme a commencé une semaine avant le premier confinement, en mars dernier. Pour nous, ce programme aura été une bouffée d’oxygène dans cette année compliquée. Quand l’activité a finalement repris, il a été relativement difficile de s’organiser. En effet, avec le chomage partiel, nous avons dû prendre sur notre temps libre pour développer l’idée.

Quelles ont été les grandes phases du programme ?

Isabelle : Il y a d’abord eu une première sélection, sur dossier. Puis le 5 et 6 mars, nous avons eu 2 premières journées avec l’entreprise EeVee, pour cadrer la démarche et découvrir le déroulé du programme. A l’issue de ces deux jours, nous avons pitché notre projet pour la première fois et avons été sélectionnés avec cinq autres équipes pour continuer. Ensuite, soit nous nous déplacions dans les locaux de EeVee, soit nous progressions avec eux par visio conférence. Nous avons bénéficié d’un réel accompagnement et d’un gros soutien de la part de Marine Gall, VP Innovation&Intrapreneurship Programs.

Y-a-t-il selon vous un profil type pour devenir intrapreneur ?

Isabelle : Je pense tout d’abord à la motivation. Il est certain qu’il faut être motivé, car l’on passe par des moments de haut, et des bas, et il faut toujours se raccrocher à la finalité du projet, à l’objectif final. Je suis assez fière car malgré le contexte sanitaire, le fait que nous avions peu de temps pour travailler sur le projet et que nous avons dû le mettre en stand-by lors de la paternité de Jérémy, nous avons réussi à déployer le produit relativement rapidement ! Notre force, c’était notre duo. À deux, c’est quand même plus facile.

Jérémy : Je rajouterais l’envie d’apprendre, la curiosité. Isabelle est comme moi, nous sommes aussi assez perfectionnistes et consciencieux l’un et l’autre dans notre travail. Je pense que c’est important. Au final, nous avons été très complices et complémentaires. Les tâches se sont réparties de façon naturelle.

Si c’était à refaire changeriez-vous certaines choses ?

Isabelle : Je pense que j’ai peut-être eu un excès de confiance. Ce que je souhaite dire par là, c’est que chercher du monde en interne et en externe pour rallier le projet et nous accompagner (aide des designers, des entreprises…) a été plus compliqué que ce que j’avais prévu. Si c’était à refaire, j’élargirais mon rayon de recherche.

Jérémy : Si c’était à refaire, je pense que je me mettrais encore plus dans la peau d’un chef de projet, et n’hésiterais pas à sauter les contraintes d’un middle management parfois un peu bloquant. Chez Air France, les process de validation sont clairement définis, il y a une culture d’entreprise basée sur la hiérarchie, et il est vrai que j’ai pu parfois ressentir de la frustration due peut-être à un trop grand respect des règles et de la hierarchie. Or un intrapreneur est aussi un trublion ! Nous n’avons peut-être pas été assez « corporate hackers », avec Isabelle !

Où en est Air Art aujourd’hui ? Quels sont vos besoins et objectifs en 2021 ?

Isabelle : Le site internet fonctionne bien, mais aujourd’hui notre besoin se trouve au niveau marketing et communication, pour communiquer sur notre projet, et engranger encore plus de ventes. Je dois aussi dire aussi que l’on manque un peu de temps pour se consacrer à notre projet et le faire changer d’échelle. Si tout se passe bien, nous devrions passer normalement à deux jours par semaines dédiés à la poursuite de notre projet. C’est ce qui a été approuvé lors de notre dernière réunion avec la Direction. J’ai hâte.

Jérémy : Il s’agit d’accélérer le développement de tous les produits auxquels nous avons pensé et pour lesquels on a d’ores et déjà des dessins. Nous aimerions aussi rapidement nous développer sur les pièces d’avions et équipements, non pas uniquement sur les pièces des moteurs.

Un conseil pour ceux qui hésitent à se lancer ?

Isabelle : « Boostez le Futur » nous a permis de faire émerger une idée qui n’aurait probablement jamais vu le jour sans le programme. L’intrapreneuriat, c’est un mode de fonctionnement rigoureux, qui marche ! Nous avons pu porter très haut notre idée et la mettre en place de A à Z, tout en étant accompagnés pour.  Donc selon moi, pas d’hésitation. Foncez, et soyez ambitieux ! 

Jérémy : Je rejoins Isabelle : si vous croyez en votre idée, n’ayez pas peur, vous ne serez pas déçus, autant professionnellement que personnellement. Alors que nous étions sur la route du retour du dernier jury du 26/01/2021 et que nous nous remémorions avec Isabelle la première sélection du 06/03/2020, nous avons réalisé tout le chemin parcouru ! En un an, nous avons énormément grandi, et le projet avec nous ! C’est une belle aventure, et ce n’est pas fini !

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