S/lash by Naval Group

S/lash : Une solution unique utilisant les principes de la photoélasticité pour connaître en permanence la tension dans les sangles d’arrimage, mais pas que !

Quel est votre parcours professionnel ? Pensez-vous que vous étiez destiné à intraprendre ?

Je suis arrivé chez Naval Group en 2016, après une thèse en photomécanique (tout ce qui est mesure optique appliqué à la mécanique) et des travaux de recherche au CNRS.

Je pense que mon parcours est lié à l’intrapreneuriat. En effet, au sein du CNRS, j’avais un devoir de publication annuel. Lorsque je suis parti vers le secteur privé, je n’ai pas retrouvé cette obligation. Cependant, formatage oblige, je me suis mis en tête de déposer deux à trois brevets par an à la place des publications scientifiques. S/lash est né comme cela.

Chez Naval group, j’ai plusieurs casquettes. Je suis responsable d’installation sur le volet « arme tactique », mais aussi référent calculs, et je participe activement à la mise en place de nouvelles méthodes de travail dans mon service. Si je rajoute l’intrapreneuriat, avec le projet S/lash, cela fait des journées bien remplies et des tâches assez diverses. J’apprécie beaucoup ce que je fais !

Pour revenir à l’intrapreneuriat, bien qu’il y ait des liens avec mon profil, le projet S/lash était au départ un simple brevet déposé afin de répondre à une solution technique. J’étais bien loin de me dire qu’on pouvait aller plus loin : Tester le besoin et le marché, voire ouvrir de nouvelles portes pour Naval Group. J’étais encore plus loin de me dire que mon projet allait être sélectionné pour entrer au NIH. J’étais donc quand même assez loin de l’intrapreneuriat, en définitive.

Comment s’est passé le grand saut vers l’intrapreneuriat ? Avez-vous bénéficié d’un accompagnement particulier ?

L’histoire de S/lash, c’est la rencontre entre ma volonté de publier des brevets, une idée qui répond à un problème technique simple mais ouvre des perspectives plus larges, et le programme d’intrapreneuriat de Naval Group qui venait de se lancer. Chez Naval Group, l’intrapreneuriat est une notion relativement nouvelle, qui date de 2019. À l’époque où j’ai déposé le brevet de S/lash, Fabrice Poussière et son équipe étaient en train de monter le Naval Innovation Hub, et avaient pour objectif de travailler sur l’innovation de rupture.

Nous nous sommes rencontrés alors qu’il faisait le tour des sites pour prospecter les idées nouvelles et convaincre du potentiel de l’intrapreneuriat. C’est comme cela que je me suis retrouvé embarqué dans l’aventure et que j’ai attiré Johan avec moi. Mon idée a plu essentiellement pour son aspect concret, la résolution de problématiques SST et grâce à son potentiel d’ouverture vers le marché du fret.

Justement, pourriez-vous nous parler de S/lash ?

La solution permet de répondre à un problème de sécurité visible par tous. Si l’on se focalise sur le domaine du transport (de tout type de marchandises, que ce soit du matériel militaire ou des biens de consommation courante, etc), nous observons des problèmes récurrents d’arrimage, qui amènent à des accidents graves, des dégradations de matériel, des pertes financières, etc. En France, plus de 600 accidents mortels par an sont liés à cette problématique de mauvais arrimage seulement sur le transport de fret routier…

Prenons l’exemple du fret. Le transporteur n’a actuellement aucune information ni procédure simple pour l’aider à arrimer un colis, il n’y a pas de notice. Tout le monde utilise des sangles car c’est pratique et pas cher mais personne ne connaît les normes liées à l’arrimage qui sont présentes pour éviter les accidents.  

Dans notre secteur du matériel de défense, l’exemple est encore plus parlant. Un bâtiment de défense possède des torpilles à son bord, et ces armes sont arrimées par des sangles. Je laisse au lecteur le soin d’imaginer ce que l’on risque avec des torpilles mal arrimées.

S/lash, c’est le développement d’un indicateur visuel simple insérable sur les sangles permettant de savoir si la mise sous tension est bonne ou non. Adaptable à tous types de sangles, Il se présente sous la forme d’un revêtement optique utilisant les principes de la photoélasticité pour connaître en permanence la tension. Si l’indicateur est vert, alors c’est bien arrimé et s’il est rouge alors attention il y a danger d’écrasement ou de glissement du colis.

S/lash joue le rôle des tensiomètres. Ces derniers permettent certes de mesurer très précisément la tension dans les sangles mais ces solutions ne sont pas pratiques, coûtent cher, ne restent pas fixées sur la sangle lorsque l’on roule, et ne sont pas robustes. Tout le contraire de S/lash !

De plus, chez S/lash, nous avons mis en place une application mobile très facile à utiliser pour aider l’arrimeur à faire les bons choix pour arrimer son chargement et appliquer les normes sans prise de tête. En effet les normes ne sont pas attractives et sont complexes, S/lash est là pour vous aider à assurer votre sécurité !

Au-delà d’un tremplin, en quoi le programme « d’intrapreneuriat » vous a aidé dans la maturation du projet ?

Tout d’abord passer par le programme d’intrapreneuriat était un moyen d’aller beaucoup plus vite que ce que l’on fait habituellement pour développer et concrétiser un projet. Le programme donne un rythme soutenu, une dynamique à la gestion du projet.

Ensuite, nous avons pensé que nous pouvions tester un nouveau marché pour Naval Group : le Fret. Pour cela, il nous fallait un réel accompagnement, une méthodologie, etc. En ça, le programme a été fondamental.

Participer au programme et devenir intrapreneur, c’est réussir à revêtir plusieurs casquettes dans la même journée, parfois plusieurs en même temps. On est à la fois technicien, chercheur, spécialiste marketing, acheteur, etc. On comprend bien mieux le travail et les problématiques de nos collègues des autres services. On obtient une vue d’ensemble et on acquière ainsi une grande polyvalence. Sur un temps relativement court (9 mois chez Naval Group), on apprend énormément, on se remet en question, et on grandit beaucoup.  

Depuis 2019 et le moment où nous avons lancé le projet et rejoint le programme, j’ai dû lancer des recrutements, l’équipe S/lash a évolué, et actuellement nous sommes trois avec Thibault qui est notre nouvelle force de frappe. Qui souhaite nous rejoindre dans l’aventure ? (Rire). Nous avons perpétuellement besoin de nouvelles compétences, notamment dans le domaine commercial et marketing aujourd’hui.

Au niveau du timing, nous allons finir la phase d’accélération début mai, et allons présenter les perspectives de croissance. Je ne cache pas que cette période est excitante et stressante, car décisive pour convaincre en interne et poursuivre notre projet sur la phase de go to market.

Avez-vous eu des difficultés particulières ? Quels ont été les challenges principaux ?

Je ne vais pas être très original, mais je dois dire que l’intrapreneuriat est un challenge de tous les jours.

Chez Naval Group, on mène de front nos sujets intrapreneuriaux et notre travail de tous les jours, cela demande beaucoup de temps et d’organisation. En effet dans le groupe, il est compliqué de partir et décrocher pendant 6 mois de son poste. Intrapreneur, c’est un choix, et il faut croire au projet. Aujourd’hui je suis en congés, mais je travaille sur le projet. Autant par envie que par besoin, car nous avons une présentation à faire au Comex la semaine prochaine. De même, pour tout ce qui est prototypage, on le fait avec nos imprimantes 3D dans mon garage, qui est un peu devenu l’atelier S/lash avec la partie électronique, mécanique, optique, etc. Cela demande un engagement important.

Pour s’organiser, nous avons essayé de créer une phase de bootcamp d’une semaine en début d’année. L’objectif était de se concentrer, en mode « sprint » sur le projet pendant une semaine. Cela a été très difficile. Les personnes qui travaillent avec nous au quotidien ne comprennent pas qu’on soit moins présente. Tout ne tourne pas autour du projet intrapreneurial. Pour être un bon intrapreneur, il faut savoir être bon jongleur.

Par ailleurs, un challenge personnel pour moi était ma timidité. Aller au contact des clients et des opérateurs n’était vraiment pas inné. Pour autant, recueillir des avis et se confronter aux clients est fondamental, et sur ce point, l’intrapreneuriat m’aura aussi beaucoup appris.

Où en est S/lash aujourd’hui ? Avez-vous eu des difficultés particulières en cette année 2020 ?

Pour Slash, l’année 2020 a été intense en émotions, comme je pense tout projet intrapreneurial. Mais j’en ressors quand même beaucoup de fierté. Si l’on m’avait dit il y a 2 ans que j’allais présenter un projet face au Comex, j’aurais dit que c’était impossible, mais aujourd’hui je suis responsable d’une équipe, je suis devenu intrapreneur, et cela me donne envie de m’investir encore plus pour aider les futures promotions d’intrapreneurs et partager cette expérience très riche.

Initialement, chez Naval Group, les deux modules « Incubation » et « Accélération » durent 3 + 6 = 9 mois. C’est assez court, et intense. Pour S/lash, nous imaginons un go to market à 18 mois. Aujourd’hui, il manque environ 6 mois à S/lash pour atteindre le marché (avoir des produits industrialisables en accord avec les finances et la stratégie).

A terme, nous souhaitons créer une nouvelle entité. Premièrement, cette entité permettrait de structurer un peu plus la démarche intrapreneuriat du groupe. Elle serait dédiée aux intrapreneurs de Naval Group. Nous sommes un peu les pionniers avec S/lash, et nous souhaitons désormais aider et partager nos bonnes pratiques, notre expérience et notre réseau. Personnellement je souhaiterais m’investir dans l’accompagnement des futures promotions d’intrapreneurs Naval Group. Pourquoi pas devenir même serial intrapreneur ? J’ai à cœur de diffuser continuellement l’intrapreneuriat au sein du Groupe, ces méthodes de travail et la culture innovation.

Auriez-vous des conseils pour ceux qui hésitent encore à se lancer dans l’intrapreneuriat ?

De l’audace, toujours de l’audace, avec une dose de confiance en soit, de curiosité et d’optimisme. Il y a toujours des solutions aux problèmes. En interne, nous étions surnommés les surfeurs. En effet, nous avions présenté S/lash aux phases de sélection sans trop se prendre au sérieux (rire), de par notre nature. L’important, c’était finalement de communiquer un enthousiasme, un optimisme, de montrer que l’on croyait en notre projet et que l’idée est innovante.

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