Comment augmenter le ROI d’un programme d’innovation collaborative ?

ROI d'un programme d'innovation collaborative
Innover, ce n’est pas avoir une nouvelle idée mais arrêter d’avoir une vieille idée. » Edwin H. Land

Savoir innover n’est pas inné, et la volonté n’est pas toujours suffisante. Innover efficacement avec un retour sur investissement réel ne peut fonctionner que si les objectifs et les ambitions sont clairement définis.

L’innovation collaborative est un ensemble d’outils, de méthodes et de stratégies dont l’impulsion doit venir du top management. C’est un état d’esprit. Une approche qui transcende les différences, qui casse les silos, qui laisse libre cours à toutes les imaginations et qui libère la parole. Pour la catalyser, il est nécessaire de disposer des bons outils. Oublions la boîte à idées dans la salle du personnel et allons un peu plus loin.

Au sein des grands groupes, la lourdeur des processus et des validations bride souvent la capacité d’innovation. Une fois qu’un projet innovant s’intègre dans les priorités d’une direction métier, alors les choses s’accélèrent. Mais y parvenir ressemble le plus souvent à un long chemin de croix. Raison de plus pour s’arrêter sur le « comment » du « pourquoi ».

L’innovation participative : décryptage

Il est difficile d’encourager l’innovation en entreprise sans véritablement avoir un objectif clair, actionnable et mesurable. Le risque, c’est de transformer l’innovation en concept creux et détaché de toute réalité opérationnelle. Pour éviter cet écueil, il faut donc bien préparer le terrain. Ultimement, la création d’un nouveau produit, service ou processus sera toujours l’objectif prioritaire. Mais ce travail nécessite impérativement une intense étape d’idéation qu’il faut préparer et encadré au mieux afin de générer un cercle vertueux au sein de votre entreprise.

Une meilleure communication interne et externe

Mettre en place une démarche d’innovation ouverte et participative envoie un signal fort en donnant la parole à ses collaborateurs. Ces derniers sont alors parties prenantes de la construction de son avenir. L’effet bénéfique de cette initiative s’accompagne souvent d’un impact direct sur le climat social. Parce qu’une entreprise plus participative est plus attractive, elle participe aussi à la fidélisation des talents et au développement de la marque employeur.

Les DRH voient les programmes d’innovation, parce qu’ils sont participatifs et collaboratifs, comme un moyen efficace de réengager les collaborateurs dans le projet d’entreprise. En travaillant ensemble, en construisant un projet commun et en faisant fructifier l’intelligence collective, l’innovation collaborative est un trait d’union qui insuffle une nouvelle dynamique.

Une culture d’entreprise transformée

Apporter davantage de souplesse et d’agilité nécessite de faire émerger un nouveau mode d’organisation et de gouvernance. Un programme d’innovation participatif, basé sur des principes d’autodétermination et d’arbitrage social, constitue la première marche qui pourra conduire, à terme, vers un nouveau paradigme organisationnel plus libre.

Les leviers de l’innovation collaborative

Pour innover, il faut un cadre et une structure. Quelque chose qui n’est pas rigide, mais qui impose des règles de fonctionnement. Exemples avec quatre grandes catégories d’incentives pour inciter vos collaborateurs à innover :

  • Challenges d’innovation, appels à idées, résolutions de problèmes et awards : Ce sont des démarches ponctuelles limitées dans le temps pour lancer ou dynamiser une initiative sanctionnée par un jury lors d’un événement. L’accent est mis sur la communication et l’engagement. Le profil des collaborateurs n’est pas un élément déterminant dans la réussite de ces dispositifs, l’essentiel étant lié à l’engouement qu’ils suscitent et au désir des collaborateurs de « répondre à l’appel ».
  • Concours et appels à projets : Ce sont des initiatives qui amorcent les prémices d’une véritable démarche intrapreneuriale. La dimension ROI et la faisabilité sont prises en compte en amont et les profils des collaborateurs font partie des critères de sélection du projet dans une logique d’adéquation entre projet et porteur de projet. Il est nécessaire de disposer d’un outil d’évaluation et/ou de questionnement pour valoriser, crédibiliser et argumenter les projets présentés.
  • Boîte à idées collaborative et plateforme d’innovation participative : C’est un outil utile pour recueillir toutes les propositions susceptibles d’améliorer la performance opérationnelle de l’entreprise (idées, processus, méthodes, outils, etc.). Le but est de les évaluer et les orienter vers les entités organisationnelles en charge de les réaliser. Un travail d’idéation qui apporte un œil neuf sur la réalité opérationnelle de l’organisation.
  • Intrapreneuriat (Excubation et incubation) : Ce sont des dispositifs très aboutis pour transformer la culture entrepreneuriale interne. Un salarié souhaitant se lancer dans un projet intrapreneurial peut ainsi profiter des services offerts par l’entreprise et quitter son poste pour se consacrer à son idée. Cela peut-être dans une structure interne ou externe à l’entreprise qui est dotée des ressources pour gérer ces projets nouveaux et accompagner des apprentis intrapreneurs.

Point de vue expert : Comment légitimer son programme d’innovation ?



Ofer Attali, co-fondateur et CTO de Yumana, a bien voulu nous livrer son retour d’expérience.


Quelles que soient la forme et les ambitions d’un programme d’innovation, sa réussite est intrinsèquement liée à la participation des collaborateurs. Celle-ci est fortement conditionnée par le degré de confiance qu’ont les salariés dans le dispositif et sa capacité à produire des résultats concrets. Il est normal et humain que vos collaborateurs se posent des questions avant de s’impliquer. Un engagement de leur côté devra produire des résultats réels pour ne pas faire de l’innovation un simple concept vague n’ayant aucune influence sur le quotidien de l’entreprise. Je propose souvent aux clients que nous accompagnons avec Yumana, de commencer par répondre à certaines questions. L’objectif est de vérifier si la démarche est structurée et s’appuie sur des fondations solides.

  • Existe-t-il des objectifs de rentabilité, un budget alloué, une instance de pilotage et de reporting ?
  • Y a-t-il des objectifs chiffrés dans le temps ? Avez-vous fixé un jalon pour statuer sur la suite à donner ?
  • Disposez-vous d’un planning avec des points d’étape et de contrôle qui soit partagé avec la direction de l’entreprise ?
  • Avez-vous un budget d’investissement et de fonctionnement avec une véritable autonomie d’engagement des dépenses ?
  • Disposez-vous de ressources dédiées ou mobilisables rapidement ?
  • Avez-vous un sponsor de haut niveau et un soutien managérial de la direction ?
  • Avez-vous réussi à associer à votre démarche les directions métier RH, IT et communication ? Sont-ils partie prenante dans la gouvernance du dispositif ?

Les réponses à ces questions doivent permettre de mesurer le niveau de légitimité de la démarche en interne pour statuer sur la nature du dispositif envisageable dans le contexte actuel.

Quels sont les moyens pour mettre en œuvre et booster le ROI d’un programme d’innovation collaborative ?

Pour aller au-delà de la simple intention, votre programme doit être visible dans vos locaux. Même une plateforme numérique doit avoir des impacts concrets sur votre organisation, vos locaux ou vos services.

Un lieu consacré pour les différentes phases du programme

L’innovation nécessite souvent une mise en retrait du quotidien. Un lieu consacré comme un espace de créativité ou un laboratoire d’innovation matérialise une démarche qui parfois, peut être perçue comme trop virtuelle. S’il n’est pas nécessairement indispensable de disposer d’un lieu totalement dédié, l’organisation de rencontres régulières est souvent suffisante pour incarner la démarche d’innovation (on parle alors de démarche phygitale). En revanche, dans le cadre de l’intrapreneuriat, un lieu d’incubation bien distinct de l’environnement de l’entreprise habituel est essentiel.

Des ressources mobilisables rapidement

L’une des clés d’une démarche d’innovation collaborative réside dans sa capacité à produire des résultats tangibles et concrets. Un innovateur, aussi brillant soit-il, ne peut rien faire s’il ne dispose pas d’un accès aux ressources de l’entreprise, qu’elles soient financières, humaines ou matérielles. Pour concevoir un dispositif efficace et rentable, il faut identifier les ressources mobilisables à court terme pour générer les premiers succès (évolutions, solutions, projets, start-up internes, etc.). Cela permet de renforcer votre démarche, en assurer la pérennité et augmenter le ROI d’un programme d’innovation collaborative.

Des soutiens internes

Impossible de réussir un programme d’innovation collaborative sans un soutien sans faille du top management tout au long de son exécution. L’innovation fait bouger les lignes. Elle perturbe, elle engage des ressources, et les soutiens internes caractérisent son importance stratégique. Associer un sponsor à chaque projet retenu, ainsi qu’un mentor de haut niveau à chaque porteur de projet sécurise votre démarche et maximise les chances de concrétisation.

La participation des directions métier

L’innovation collaborative s’appuie sur les ressources et les compétences de l’entreprise. C’est ce qui en fait un dispositif d’innovation spécifique, distinct des programmes d’open innovation. C’est aussi une force que les start-up n’ont pas. Évaluer le niveau de participation des directions métiers clés (en particulier les ressources humaines, la DSI et la communication) ainsi que leur volonté de s’associer au programme, permet d’établir quelles démarches l’entreprise est en mesure de mener avec succès sans risquer une levée de boucliers fatale.

Des règles de fonctionnement en marge des processus standards

Innover requiert souvent de contourner les règles et les processus établis. Le temps d’une innovation n’est pas le même que celui d’un projet classique. Bien que la concrétisation des innovations nécessite une réintégration au sein des processus standards de l’entreprise, il y a une période durant laquelle l’idée doit vivre en dehors des contraintes habituelles. Un espace de liberté qui dépend de l’organisation du programme d’innovation (entité existante ou structure spécifique interne).

Comment bien aiguiller les idées ?

Des idées, tout le monde en a. Des bonnes idées, un peu moins.

Mais pour parvenir à les identifier, il faut laisser les salariés s’exprimer. À ce stade, le risque est d’être submergé par les propositions et de ne pas savoir comment les gérer, les filtrer et les analyser. Vous devez entrer dans la logique du chercheur d’or : il passe beaucoup de temps dans la rivière à filtrer la terre pour trouver quelques pépites.

L’analyse d’une contribution visant à résoudre un problème récurrent ne diffère de celle menée sur une bonne pratique ou une idée de nouvelle offre de service ou encore un concept disruptif ou radical qui remet potentiellement en cause le business model de l’entreprise.

Pourtant toutes les propositions des collaborateurs ont de la valeur pour l’entreprise. Pour y voir plus clair, il est nécessaire de les scorer avec vos propres critères de valorisation. Pour y parvenir, vous pouvez utiliser notre modèle ou créer le vôtre.

Les 5 critères d’évaluation de Yumana

  • La dimension organisationnelle : quel est l’impact que peut avoir le projet sur l’organisation en place ? Sa mise en œuvre va-t-elle induire une forte perturbation ou une remise en cause totale ou partielle de l’existant ?
    La dimension business : quel est l’investissement nécessaire en ressources et en moyens financiers ? Quels sont les objectifs de nouveaux revenus ou d’économies engendrées ? Dans quel délai peut-on atteindre l’équilibre et la rentabilité de l’investissement ?
  • La dimension humaine : qui est à l’initiative de la proposition ? Le porteur de projet a-t-il le bon état d’esprit pour mener le projet à son terme ? Est-il volontaire et motivé pour le porter ? Disposera-t-il des soutiens nécessaires ? Les ressources et les compétences existent-elles dans l’entreprise ?
  • La dimension rupture : la nature de l’innovation est-elle une évolution d’un concept existant ou bien une proposition radicale en rupture avec le modèle standard ?
  • La dimension stratégique : la proposition est-elle alignée avec le plan stratégique, les valeurs et le positionnement de l’entreprise ?

Vous pouvez ensuite attribuer une pondération selon les dimensions d’analyse. Le score final déterminera de l’orientation de la proposition vers l’une des trois composantes de la démarche d’innovation collaborative : l’amélioration continue, l’innovation participative ou l’intrapreneuriat.

L’innovation requiert des idées, certes, mais avant tout une vision et un cadre organisationnel au soutien de celle-ci. S’il existe certains leviers pour faire de vos programmes des réussites, chaque dispositif est unique. La transformation d’une « bonne » idée en un projet viable et créateur de valeur business pour l’entreprise est un processus complexe, mais pas insurmontable, pour peu que l’on se pose les bonnes questions, se dote de la bonne stratégie et des outils nécessaires à l’organisation et au passage à l’échelle de ces dispositifs.